Un photographe doit-il affirmer son style ?

Le monde de la photographie est très souvent rangé dans l’unique case “domaine artistique”. La profession est perçue comme un métier de passion dans laquelle il est obligatoire de proposer une offre ultra créative. Effectivement, la majorité des photographes dont c’est le métier étaient d’abord des passionnés de photo avant de devenir des professionnels. Cette vision de la photographie reste cependant à nuancer dans certains cas. Tous les photographes ne se revendiquent pas comme des artistes. L’image de communication comme je la pratique avec Algia n’a par exemple pas de vocation artistique.

Une question se pose alors : tous les photographes doivent-ils affirmer leur style personnel ?

Affirmer son style, c’est se démarquer

Qu’entend-on par “style” ? Un style, ça peut comprendre bien des choses. Il peut s’agir de la manière de composer ses images, des sujets que l’on choisit de mettre en avant, des choix techniques, ou encore de la retouche appliquée aux photographies. En fait, ça englobe la plupart des choix qui font qu’une image ressemble à ce qu’elle est à la fin du processus.

Dans l’entreprenariat, on dit souvent que pour survivre il est nécessaire d’innover. C’est plutôt vrai dans un sens. D’abord parce qu’une entreprise qui ne se réinvente pas risque d’être rapidement dépassée, mais aussi parce qu’une entreprise qui se contente de suivre ses concurrents aura toujours un train de retard sur eux.

Un photographe qui dispose d’une vision toute fraîche de son domaine et dont les images sont en adéquation avec les tendances actuelles aurait donc un argument supplémentaire pour faire pencher la balance de son côté.

L’aspect artistique de la photographie a aussi tendance à faire rêver le public. Beaucoup de photographes l’ont compris et certains s’en servent (à mon sens) à tort comme d’un argument marketing. Ces personnes ont tendance à vendre du rêve en se faisant passer pour des artistes proposant par conséquent une prestation artistique à des entreprises. D’ailleurs, j’ai mis quelques années à comprendre la phrase : on ne se revendique pas artiste, c’est le public qui choisit. Bref, je considère que prétendre offrir quelque chose d’unique et d’artistique est souvent faire preuve d’un léger manque de modestie pour arriver à ses fins.

Globalement on aurait tendance à penser que oui, une entreprise choisira forcément un prestataire capable de comprendre les enjeux contemporains d’esthétisme. Dans la course à la croissance, la modernité est reine. Pourtant, il y a d’autres facteurs qui entrent en compte.

Se laisser guider par ses préférences personnelles, un risque ?

Un particulier qui achète l’œuvre d’un artiste le fait avant tout par plaisir (sans aborder les intérêts financiers). Il choisit CET artiste et pas un autre parce qu’il apprécie personnellement son univers, ses convictions et la manière dont il les illustre. La sensibilité de l’acheteur est touchée.

Un professionnel qui fait appel à un photographe le fait parce qu’il en a besoin. Il a besoin de communiquer, il a besoin de faire preuve de professionnalisme, il a besoin de se faire voir. C’est une prestation commerciale. Des enjeux marketing entrent en compte : les images doivent pouvoir atteindre une cible, correspondre à une charte, diffuser un message commercial. Et tous les choix faits s’accordent à ces enjeux. Certains sont imposés par le client, d’autres sont déjà connus par le photographe.

Le risque en imposant son style est simple : perdre de vue les enjeux principaux de la prestation et fournir des images pilotées par nos sentiments affectifs.

Peut-on vraiment réduire une prestation photo à un simple service ?

Bonne nouvelle : pas vraiment. Comme partout, il y a un juste milieu à trouver. Dans mon cas, je pense que si le métier de photographe consistait à simplement obéir aux directives d’un client, j’aurais choisi autre chose. Heureusement, mon activité est qualifiée et nécessite un certain savoir-faire ! Qui dit savoir-faire dit “quand on ne le sait pas, on ne peut pas le deviner” et dit par conséquent que je suis chargé de conseiller mes clients sur certains points. Et c’est justement sur ces points qu’il est possible de proposer sa “patte personnelle”.

Exemple : j’estime qu’une retouche trop artificielle et exagérée dessert le message initial d’une photo alors ma retouche est sobre mais maîtrisée.

Parfois, ces choix sont formels et entendus. Parfois, c’est plus implicite et c’est la prestation en elle-même qui laisse entrevoir une certaine liberté. Le type de retouche par exemple est souvent la première chose sur laquelle s’accordent le client et le photographe sans se le dire directement. Pourquoi ? Parce que c’est un aspect très visuel qui saute aux yeux, et que l’information est disponible rien qu’en ayant accès au travail du photographe. Généralement, une entreprise va donc choisir tel ou tel photographe (sur le plan visuel) parce que son post-traitement lui parle.

En conclusion

Pour ma part, je suis convaincu qu’il est important d’avoir un style à soi et de le faire valoir. C’est une des parties “plaisir” du métier de photographe : pouvoir apporter ce petit quelque chose qui nous plaît sans se positionner en “mode robot”. C’est évidemment aussi un argument de vente, mais qui ne nécessite pas forcément d’être explicitement mis en avant. Comme on dit : les images parlent d’elles-mêmes.

Prudence, avoir son propre style est un travail de longue haleine. Plusieurs années sont souvent nécessaires avant de savoir ce qu’on aime, et ce qu’on aime moins. Au bout d’un certain temps et de beaucoup de pratique, les goûts s’affinent et se stabilisent. Fort heureusement, les photographes n’auront jamais le même style toute leur vie puisque leur vision de la photographie est vivante et évolutive. Ce que je veux dire en parlant de stabilisation des goûts est différent. Je pense simplement qu’avec l’expérience, un photographe parvient à dissocier les effets de mode des réels choix créatifs. Les effets de mode ne sont que de passage, ils vieilliront mal et n’auront généralement pas la même saveur dans quelques années. Ce qui est authentique, restera plus intéressant au fil des années et des décennies.

Plusieurs exercices sont nécessaires pour trouver son style : pratiquer, se remettre en question, échanger avec les autres, et surtout découvrir de nouveaux photographes en permanence. Comme abordé précédemment, toutes les activités de photographe ne sont pas à vocation artistique. Ce n’est pas pour autant que s’inspirer d’artistes n’est pas bénéfique. C’est même une très bonne chose ! Le but final étant d’acquérir une culture de l’image la plus vaste possible qui pourra servir la vision du photographe sur tous les plans. C’est, à mon sens, indispensable.

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